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Frontière passoire... vite un charter

Publié le par L'ours

Phrase de la semaine : "J'ai les noms de ceux qui font les cons !" Non, ce n'est pas Coluche interprétant son flic qui la prononce. C'est un maigrichon pas très rigolo. D'ailleurs il le dit "Est-ce que j'ai une tête à bluffer ?" A vrai dire, tout le monde se demande quel qualificatif employer pour ce genre de tête. Ceux qui font les cons, en l'occurrence sont 3000, du moins sur une supposée liste que détiendrait le ministre du Budget Eric Woerth. Ils seraient dépositaires d'un garde-picaillons secret dans la belle Helvétie. Au premier rang d'entre eux n'y aurait-il un chanteur dont la puissance vocale est inversement proportionnelle à celle de sa rélexion ? Ce doit d'ailleurs être une raison de son immense succès auprès des cons.

De l'autre côté de la frontière, on râle, "De quoi-t-est-ce ? Scandale inique ! On nous viole, moi et mon secret bancaire", ou on conclut "Tss, tss, c'est un coup de bluff, il n'a rien du tout le ministre qui se coiffe comme on coiffe les genoux par chez nous".

Sont-y naïfs nos amis suisses. Bien sûr qu'il les connaît les évadés fiscaux ! Ce sont pour bon nombre des amis, actuels ou anciens, ou des relations, des gens du milieu.

Comprenons-nous bien. Quand je dis milieu, je ne parle pas du "milieu", enfin pas forcément, qui regroupe dans son acception pégriots et chefs mafieux, je veux bien entendu parler de gens de "son" milieu. Quoique ceci n'exclut pas cela. Il y a belle lurette que les padrones ne sont plus issus du petit peuple qui se sont faits tout seuls, maniant l'argument contondant, à la sueur du nombril de leurs femmes, des jambes de leurs dealers et des bras de leurs racketteurs. Y a plus que dans les banlieues grisâtres bétonnées de cités et de centres commerciaux que les gredins ont Scarface pour exemple et figure mythique. Les vrais, les grands implantent des centres commerciaux dans les banlieues grises et ne se salissent pas les mains en refilant des torgnoles à des putes de bas étage, du moins pas pour le travail.

Forcément, il les a fréquentés, de près, de loin, puisque par définition, l'exilé fiscal dissimulant de l'argent en Suisse a de l'argent. Et pas trois noisettes. Fatalement, il a dû naviguer, l'exilé fiscal, dans le monde de la finance, dans celui de l'entreprise. Obligatoirement, il est issu d'une grande école type HEC, l'évadé fiscal, il a dû transiger un moment avec le pouvoir politique, il a dû à un moment de sa vie avoir des rapports avec l'un de ces grands cabinets de conseil en matière de fiscalité.

"Mais dis-moi l'Ours, il n'y a dans ce que tu écris que des allégations douteuses, de sournoises imputations, ce n'est là que pure spéculation !" me répliqueras-tu lecteur attentif que je porte aux nues, ô toi jolie lectrice que je n'ai cessé d'aimer pour ta clairvoyance primesautière et ton intelligence qui te conduit à t'amuser de tout en n'étant dupe de rien.

C'est vrai. Je le culfesse, je le conchatte. N'est-ce pour cela que vous m'aimez ? Mais primo, l'utilisation du terme spéculation, est-elle souhaitable en la matière ?  Secundo, j'ai un argument qui transmute la suspicion en gros doute en moins de temps qu'il n'en fallait à Nicolas Flamel pour faire de même avec du plomb pour obtenir de l'or. (D'autant qu'il paraîtrait que Nicolas Famel n'était pas réellement un alchimiste).

Le portail du ministère du budget publie le CV de notre bon Eric, dont voici un large extrait :


Éric WOERTH est né le 29 janvier 1956 à Creil (Oise)

Cursus :

HEC Paris et Institut d’études politiques de Paris

Carrière professionnelle :

De juin 1997 jusqu’en juin 2002 : Directeur associé chez Arthur Andersen (Responsable du conseil au Secteur public)
1990 : Directeur puis Partner chez Bossard Consultants (Responsable du département de conseil aux collectivités territoriales)
1982 : Chef de mission d’audit interne puis adjoint au chef de service des opérations et négociations financières chez Pechiney
1981 : Conseiller juridique et fiscal chez Arthur Andersen International

Fonctions électives :

Député de l’Oise, de 2002 à 2004, et depuis 2005. Réélu en 2007.
Maire de Chantilly (Oise), depuis juin 1995.
Conseiller régional de Picardie, de 1986 à 2002
Vice-président du conseil régional de Picardie, de 1992 à 1998

Fonctions ministérielles :

Ministre du Budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l’État (depuis juin 2009)
Ministre du Budget, des comptes publics et de la fonction publique, de mai 2007 à juin 2009
Secrétaire d’État à la réforme de l’État, auprès du ministre de la Fonction publique et de la réforme de l’État, de 2004 à 2005.

Fonctions politiques :

Depuis 2009 : conseiller politique de l’UMP
Depuis 2002 : Trésorier de l’UMP
2007 : Trésorier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy
2002 : Trésorier de la campagne présidentielle de Jacques Chirac
1995-1997 : Conseiller au cabinet du Premier ministre chargé des relations avec le Parlement

Conseiller juridique et fiscal chez Arthur Andersen, adjoint au chef de service des opérations et négociations financières chez Péchiney, Maire de Chantilly (l'une des villes les plus hautement bourgeoise de l'Ile de France et de l'Oise réunies). Il doit bien se trouver, parmi ceux qui ont fréquenté le ministre lors de l'une ou l'autre de ces occasions, un gars qui est allé en Suisse autrement que pour y déguster du chocolat ou pour admirer des chronographes.

Trésorier de campagne de Jacques Chirac ?

"N'en jetez plus. La cour est pleine. Il y a là un brevet de vertu qui démine ta méfiance vieil Ours misanthrope et nihiliste." Le ministre est vierge de tout rapport avec un fraudeur des impôts. S'il a une liste, les noms qui y figurent lui sont tous inconnus.

Et finalement peu importe.

Le ministre avertit le fourbe, le sournois contribuable incivique qu'il ne peut guère compter sur son anonymat. Par là-même il le menace de représailles. A moins qu'il ne fasse allégeance et preuve de bonne volonté. Méchants exilés fiscaux. Si vous rentrez dans le rang, vous serez absouts. Vous pourrez même souscrire à l'emprunt tellement qu'il est beau, tellement qu'il est avantageux.

C'est que ça en a des moyens de rétorsion les grands chauves. Presque autant qu'un petit vaguement ondulé qui fait les gros yeux aux banquiers retors et traders affamés et avides. Gaffez les gars, la main démange, bientôt panpan-cucul. Qui c'est le vilain broker qui va se retrouver au coin jusqu'au quatre heures ?

Si vous continuez à les planquer dans des caves genevoises, Woerth va envoyer un charter en Suisse récupérer vos pépettes, petits brigands !

Et si ça ne fonctionne pas bien, l'idée aura au moins eu le mérite de faire croire au bon peuple que le pouvoir est de son côté. Le futur slogan pour 2012 sera :

"Comment que je te l'ai moralisé au karcher© le capitalisme. Tout comme j'ai fait baisser l'insécurité".

Dans les mots. Pas dans les chiffres.


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