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Mariage, pape et viande de cheval – 3 en 1

Publié le par L'ours

Ça y est, la loi a été votée à l'Assemblée. Reste aux sénateurs à l'examiner et à la renvoyer validée à l'expéditeur. Voilà une bonne chose de faite.

Les hommes pourront s'épouser et les femmes itou. La droite va pouvoir reprendre son souffle et les députés dans leur ensemble se reposer un peu tant – on nous l'a suffisamment seriné – nos dignes élus se sont épuisés dans d'interminables débats sur la possibilité offerte aux couples homosexuels de graver dans le marbre républicain l'heureuse nouvelle de leur union.

Pensez donc, ils ont dû travailler pendant des nuits entières ! Mobilisés 24 heures sur 24, comme sans aucun doute ils le sont pour éradiquer la misère de nos rues et nos souterrains, étouffer le chômage, requinquer l'hôpital, redonner un souffle à l'école, faire cesser l'ostracisme envers ceux que désormais on nomme « seniors » dès l'âge de 45 ans, et je vais terminer par un « etc. », cette longue liste des tâches qui occupent les nuits et les jours de nos chers députés.

A peine le texte de loi voté, faut-il voir là un rapport, le pape Benoît XVI surprenait tout le monde en déclarant forfait. Combien de forfaits a-t-on commis au nom de Dieu de l'Eglise et des saints sacrements ? Là n'est pas la question. Il s'agit ici d'un forfait de boxeur. Un jet d'éponge. Et toute la médiaristocratie de se bousculer pour souligner le courage (!) du saint-pépère, l'aspect révolutionnaire de ce personnage contrastant avec le conservatisme exacerbé dont il avait toujours fait montre jusqu'à ce jour.

Mais davantage qu'à cause du mariage laïc pour tous permis par la fille aînée de l'Eglise, pouvons-nous imaginer que cette démission, autrement appelée renoncement, ce qui s'inscrit plus dans le spirituel et moins dans le bizness politico-économique, puisse avoir un rapport avec le scandale du majordome du pape ? Benedictus XVI aurait-il été l'objet d'un quelconque chantage ? Pas plus adepte de la théorie du complot que ça, ne peut-on néanmoins s'interroger sur la proximité dans le temps de ces deux événements ?

L'Eglise ne saurait condamner l'imagination, tant elle en a fait son fonds de commerce. Une Terre plate modelée et peuplée en 6 jours, autour de laquelle tourne un soleil, un couple ordinaire dans un Eden dont on les prive pour cause de curiosité et de désobéissance, une humanité qui ne peut trouver son origine que dans la consanguinité et l'inceste, un fils divin, rédempteur, conçu assez mystérieusement par une mère dont on ne reconnaît pas la sexualité et figée pour l'éternité dans une posture de jeune fille. Un demi-dieu en quelque sorte, lui-même décrit sans relation féminine, sans descendance, mais accompagné dans sa mission d'enseignement par douze apôtres au systèmes fortement pileux.

Ce que nous dit sa vie nous éloigne un tantinet de la vision de la famille et de l'homosexualité que nous vantent les catholiques d'aujourd'hui. Ce que nous dit sa fin est qu'il ne faut compter sur personne, abandonné par tous et même par Dieu.

Je ne crois pas en Dieu, mais j'espère en Christ. Ton message, Jésus. Ton message ! Croire en l'Homme et secourir les déshérités. Assez de l'Eglise. Ratzinger raccroche les gants. Assez. Il quitte les ors et le pouvoir. Le pouvoir, papes, n'a rien de divin. Le pouvoir est un désir d'homme. Chercher le pouvoir, papes, écclésiastiques, c'est vous éloigner de Jésus, de sa vision. Le clergé est un appareil, une machine inhumaine. Et tout autant que Dieu est une illusion, ceux qui s'emparent de sa parole et de ses prétendues lois sont des imposteurs.

Ce n'est pas tant de la supercherie qui pût comme Souricette et Petit papa Noël être mensonge bénin, amusant et réconfortant que de l'usage que l'Eglise en fit, que les individus souffrent. Que les richesses vaticanes servent aux Hommes et non au clergé ; que l'on vende Saint-Pierre de Rome au Qatar puisque telle est la mode, et les prêtres saintement déguenillés pourront répandre la bonne parole désintéressée et éradiquer la misère.

Un vain mot ? Un vœu pieux ? Vouloir nourrir la planète, serait une vieille lune inaccessible ? Pourtant l'argument nous est régulièrement servi sous cloche par les professionnels de l'agroalimentaire.

Lorsqu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale il a fallu reconstruire et réalimenter les populations sous privation depuis tant d'années, on a tiré l'agriculture, l'élevage vers l'industrialisation, la production en masse et en vitesse. Il s'agissait aussi (surtout ?) de s'enrichir. En masse et en vitesse.

Aujourd'hui les marchands de semences arguent de la faculté que leurs graines miracles auraient à nourrir l'humanité entière, la contrepartie de cette noble mission est la clôture bienveillante des yeux sur le brevetage-racket du vivant et le silence sur d'éventuelles funestes conséquences sur l'environnement ou les consommateurs.

Le cheval était un mets familial prisé dans les années 50-60. Le prenait-on pour un bœuf ? Après tout ne demandait-on pas à son boucher un bifteck de cheval ? Beefsteack. Autrement dit un steack de bœuf de cheval. Rien d'étonnant que de nos jours on remplace le 100% bœuf déversé dans la bolognaise, les lasagnes et autres raviolis par du 100% cheval, lorsqu'il ne s'agit pas de mulet d'âne ou d'autres bestioles pas encore identifiées. 100% barbaque serait plus précis, et que ces âpres au gain de transformateurs ne s'inquiètent pas de mon propos, je n'ai pas dit que ce serait plus honnête, pas de gros mots. Déchets de barbaque le serait, car le « minerai » utilisé par l'industrie agroalimentaire n'est autre qu'un mélange de gobets, de gras et d'os réduit en bouille. Faut rien perdre !

Le cheval ne se consomme plus beaucoup (en toute conscience, faudrait-il préciser) et le bœuf pas davantage, qui était élevé pour faire de la viande et qui n'était pas de la vache laitière. Mais puisqu'il faut presser le citron jusqu'au zeste, que la bien aimable laitière qui a pissé son lait toute sa vie veuille bien se laisser découper le gîte et l'entrecôte pour remplacer son sans-couille d'homologue, trop coûteux et pas productif de son vivant depuis qu'on l'a remplacé par le tracteur.

Et quitte à remplacer le bœuf désormais inutile par une vache de réforme pourquoi ne pas aussi remplacer celle-ci par une haridelle roumaine ? Productivité, rentabilité, miam, miam, on se goinfre. On est loin de l'utopique désir nourricier à portée universelle.

Finalement, l'histoire se répète, quelle que soit la discipline. Le cheval roumain vaut le plombier polonais et l'ouvrier chinois, suffit de le faire voyager pour qu'il rapporte plus qu'il ne coûte.

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