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Problème de vocabulaire

Publié le par François

Je ne trouve plus mes mots. Je les avais rangés là, dans cette pauvre boîte cranienne, alphabétiquement et par thême, comme les livres d'une bibliothèque bien ordonnée, façon de ne pas avoir à tout remuer pour mettre la langue sur le vocable idoine.
Imaginons un dirigeant démocratiquement et légalement élu (du moins, accordons-nous à le supposer).
Comme le bon peuple l'avait accepté, le mandat du dirigeant a été ramené de sept à cinq ans et l'élection de ses représentants à l'Assemblée nationale (au bon peuple) effectuée peu après l'élection présidentielle. Ainsi, le dirigeant dispose d'une majorité parlementaire issue de ses propres rangs, et qu'il contrôle. Cela acquis, allons donc nous rincer la dalle au Fouquet's, et donnons l'heure de notre Patek Philippe à qui ne la demande pas depuis le pont du yacht amicalement prêté par un patron de médias. Au passage, notons que cet ami obligeant n'est pas le seul à détenir la vérité des ondes et des feuilles, deux autres et pas des moindres ont l'insigne honneur de faire figure de "frères" présidentiels ou peu s'en faut. Et d'ailleurs, ne plaidait-on pas à cette époque pour la concentration des médias ?
Il manquait au paquet médiatique du dirigeant celui qui appartient aux Français. Pour pallier le manque, ne fallait-il pas contôler en tous points la télévision de service public en maîtrisant son financement et sa direction, histoire de ne pas la voir sortir des rails ? Voilà chose faite.
Contrôler les médias, en tous cas la majeure partie des médias, c'est comme souscrire une extension de garantie que sa télé ne tombera pas en panne à un moment où on veut s'en servir. Accessoirement, c'est aussi se donner un canal supplémentaire pour diffuser sa propagande urbi et orbi. Même si orbi semble un peu présomptueux, Mme Kouchner-Ockrent fait le maximum.
Mais la fête serait moins belle si on ne détenait pas le manche du bâton, et si quelque justiciable désagréable avait l'idée saugrenue de faire du tort aux amis... ou à l'inverse de ne pas avoir la possibilité d'en faire à d'haïssables et irréductibles opposants ou de vieux ennemis.
Il y avait donc urgence à réformer la justice. Pour parer au plus pressé, on la rend un peu plus expéditive. Arrêté, jugé, incarcéré. Vive l'efficacité, vive la vitesse... d'exécution. En supprimant quelques tribunaux, on éloigne les justiciables les moins bien lotis, qui foutront une paix royale aux tenanciers indélicats et aux hobereaux pour qui prévarication ne rime pas avec répression. En soumettant l'instruction à la chancellerie, au ministère, on peut, temporiser, orienter, évacuer les petits tracas d'un qui serait susceptible de devoir se justifier devant un juge, ou au contraire alourdir la charge d'un que l'on voudrait voir s'enliser dans les méandres d'un code, civil ou pénal. Bref, c'est tenir la balance et le glaive et avoir la capacité de choisir celui à qui la justice s'appliquera... ou non.
Fantastique fusil à répétition que la justice, qui quand on la tient au creux de sa menotte, permet de protéger les amis, de faire levier pour que certains se comportent comme tels et pour châtier ceux qui s'opposent.
Faites bien attention, lors des manifestations à venir, auxquelles vous participerez, même pacifiquement,  à ne pas croiser un Alliot-Marie's boy qui même si son champ lexical s'avère limité – ce dont il ne faut pas nécessairement faire une généralité –, connaît néanmoins les termes de rebellion, d'offense à représentant de l'autorité, voire d'acte de terrorisme, et n'hésitera pas à s'en servir contre vous.
Alors, voilà. Je ne trouve plus mes mots ; absolutisme, despotisme, tyrannie, césarisme, autoritarisme, bonapartisme, dictature, démocratie arbitraire, autocratisme, omnipotence. Dans le tas, il doit bien y en avoir un qui convient.
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