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Sportitude (2)

Publié le par L'ours

L'école doit changer, le système éducatif, plutôt. Du moins, c'est ce qui semble ressortir des différentes annonces faites récemment dans nos médias par les autorités compétentes.

Un mot fait figure d'intrus dans cette précédente phrase, sauras-tu le trouver ?

 

Le programme sport et études, tout d'abord. Immédiatement, le projet éducatif de Luc Chatel m'évoque Juvénal. C'est autre chose que Madame de la Fayette et sa Princesse de Clèves comme référence, hein, mon petit bonhomme ! Princesse de Clèves, sur laquelle (sic) un certain a beaucoup souffert. On ne fait plus porter de bonnet d'âne aux enfants, paraîtrait que le stock a été épuisé l'espace d'une seule scolarité par un seul et même élève. Je ne donne pas le nom, c'est sûrement des menteries.

 

Juvénal. Mens sana in corpore sano. Les satires, que je n'ai pas lues, mais on m'avait expliqué jadis que, comme souvent, la citation ne disait pas réellement ce qu'on lui faisait dire, et que l'acception ordinaire que l'on donnait à cette devise était celle des profs de gym et particulièrement ceux de tendance Leni Riefenstahl, alors que pas du tout, l'homme ne demandait que deux choses : la santé physique et le bien penser.

Un esprit sain dans un corps sain.

 

On se propose de répartir l'enseignement en deux parties plus l'étude. Cours le matin, période plus propice paraît-il et course l'après-midi, avant le goûter et l'étude. La chose, proche dans notre imaginaire de ce qui est pratiqué aux Etats-Unis et dans certains pays du Nord, aurait des vertus propices à la prévention de la violence scolaire et à un meilleur apprentissage des matières enseignées. Le rythme scolaire s'en trouverait modifié et nous en reviendrions à quatre jours et demi d'école par semaine et un peu moins de jours de congés. Bel effet d'annonce, les USA et l'Europe septentrionale font rêver.

 

Question de rythme, donc. Le rythme, c'est la vie, n'importe quel musicien vous le dira, et son meilleur ami, le percussionniste, également. Mais foutredieu, pourquoi le sport ? Après la sortie de Nick the First lors de son discours sur la candidature pour l'organisation de l'Euro 2016 par la France (keskya de plus fort que le sport...), après ses digressions commémoratives au Plateau des Glières (où il glissa de l'hommage à la tenue des Jeux olympiques d'hiver dans la région en passant par le temps frisquet), ça devient une manie !

 

Quelles sont donc ces vertus que le sport à haute dose apporterait ?

Une connaissance accrue de la pharmacopée ? L'éradication totale et définitive de la crainte des piqûres, des injections et des transfusions sanguines ?

Y a-t-il donc tant de valeurs cardinales dans le sport – du moins tel qu'on le voit actuellement – qu'il soit indispensable d'y plonger nos chères petites têtes vides ? Le sport c'est l'école de la discipline et du pragmatisme. On pratiquerait ainsi dès le plus jeune âge l'enseignement de la compétition et de l'individualisme forcené, mais aussi à partir d'un certain niveau de la transgression secrète des règles pour parvenir à un objectif. L'apprentissage d'un mode de vie fondé sur le libéralisme. Les éducateurs chargés des heures de sport auront-ils nécessité d'appartenir au corps enseignant, ou pourront-ils être recrutés dans un autre cadre, celui des fédérations, par exemple ?

 

Par ailleurs, n'y aurait-il quelques arrière-pensées politiques dans cette sportitude ?

L'éducation nationale est, depuis sa création, un creuset dans lequel fleurissent les idées progressistes et révolutionnaires et qui regroupe nombre de militants socialistes et de gauche plus radicale. Les lycéens et étudiants ont majoritairement cette sensibilité et affichent cette couleur politique. Raison pour laquelle les tentatives successives de réformes de l'Education nationale ont pour effet de vider les classes et de remplir les rues.

Quelle meilleure façon de se débarrasser de ce qui est souvent considéré par les tenants de le droite comme de la propagande idéologique que de limiter le nombre des professeurs ?

A l'inverse, combien compte-t-on de sportifs de gauche ? Ne s'agirait-il là une tentative d'orienter la société vers une culture libérale durable à travers sa jeunesse ?

 

Pour faciliter la chose, on pense même augmenter le nombre d'élèves par classe, histoire de dégraisser le mammouth. Les rois de l'arithmétique ont frappé. Un élève de plus par classe permettrait de fermer 10000 classes et donc d'économiser 10000 places d'enseignants. Chiffre magique, un, ce n'est pas beaucoup, un de plus un de moins... on peut penser que ce n'est pas la mer à boire. On communique par le fantasme et l'imaginaire. Des experts en pub !

 

A moins que l'on veuille faire rêver les jeunes et que le seul réservoir d'avenir disponible se trouve entre stade et vestiaires. Jadis, l'enfant se rêvait pompier, Zorro, puis instituteur, journaliste, médecin, rarement chaudronnier ; aujourd'hui, il se rêverait Benjamin Castaldi, Zahia D. ou Zinédine Zidane (dans une même phrase, j'ai épuisé mon stock de Z) ? Plus besoin d'étudier pour réussir, pas nécessaire de posséder le savoir pour illuminer, éclairer ou enchanter le chemin des autres, des corps sans tête suffisent, ou plus précisément des têtes sans cerveau.

Et on le sait, le temps de cerveau disponible est bien utile.

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L
<br /> <br /> Je suis d’accord avec vous : on instruit de moins de moins , on « éduque » de plus en plus. On prend exemple sur les Etats Unis et les pays nordiques et pourquoi pas sur<br /> l’Argentine ?<br /> <br /> <br /> Pendant la coupe du monde de football, les rencontres de l’équipe argentine vont être diffusées dans les écoles du pays. Le ministre de l’éducation explique que la coupe du monde est un événement<br /> culturel très important et qu’elle peut avoir un grand intérêt pédagogique !<br /> <br /> <br /> <br />
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