Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Duel capillo-civilisationnel au 20 heures de France 2

Publié le par François

Le choc. Violent, impitoyable.
Hier soir au journal télévisé de France 2, le choc a eu lieu en direct. Le guide de la révolution libyenne face au guide de l'information du service public audiovisuel français. Ce dernier, David Pujadas, Pupu, pour les intimes, arborait un puissant brushing. Le coup de peigne meurtrier, pas un épi n'avait été épargné et n'osait soulever une pointe pour observer l'adversaire. Tout restait parfaitement en ordre, sage, discipliné, comme à l'ordinaire, comme le discours et le langage habituels. Bref, l'autonomie du cheveu sur le crâne de Pupu... Y a pas mèche. Sous le cheveu, le crâne. Sous le crâne, Pupu. Dans Pupu, la France. Face à la France : Mouammar.
Mouammar, comme on dirait "mon amour", avec une pointe d'accent oriental. Et Mouammar apparut au mieux de sa forme. Venu - pensait-on - se refaire une virginité morale, il avait demandé à rester deux semaines sur la terre de Pupu, Nick the First et sa chouette bande de conseillers et diplomates lui en avaient accordé une seule, ce qui déjà agace nombre de députés de tous horizons. Le vent tempêtueux soufflait, et s'engouffrant dans quelques caboches, on entendait "droits de l'homme, droits de l'homme".
"Que le désert libyen préserve le bédouin de ces funestes mirages, de ces auditives hallucinations", se surprit à prier le guide de la révolution.
Avec sa belle gueule de faux jeton, Mouammar avait - sans doute pour honorer ses hôtes et témoigner de son grand amour pour la liberté individuelle - laissé ses poils s'organiser à leur guise pour assister aux réunions officielles.
Duel capillaire au journal télévisé de France 2. Steevy Boulay a blémi. Frank Provost et Jean-Louis David ont l'espace d'un instant entrevu une opportunité de consolider leur stature internationale. En plus de coiffer, se dirent-ils, ne devrait-on proposer également un service dédié à la moustache et à la barbe?
La vie au grand air, dans une tente, même spacieuse, ne permet pas toujours ces petits soins que l'on se prodigue, en général le matin, bien des sans-abri vous le diront, et le rasage de Mouammar laissait à désirer. Mais quelle importance, il ne s'adressait qu'au peuple français et ses dirigeants.
Et Mouammar nous apprit qu'il n'avait pas entendu le vent tempêtueux. Que personne, empereur ou manant, ne lui avait sussuré "droits de l'homme". Comme s'il venait faire farce à Nick. Et comme les plaisanteries les plus longues semblent être les meilleures chez le fils du désert, il poursuit : "En Libye, nous ne connaissons pas les droits de l'homme. Les Libyens n'élisent pas leur dirigeant, les Libyens se dirigent eux-mêmes".
Rien ne bouge sous le casque de cheveux de Pupu. Pas d'étonnement. S'ils se dirigent tous seuls, pourquoi les Libyens ont-ils un dirigeant ? Pupu n'a pas posé la question, il ne le saura pas. Nous non plus.
Puis notre honorable visiteur ne tarde à ajouter (en substance) : "En revanche, ici et là, je remarque que chez vous, les immigrés sont bien mal traités. Ça n'est pas digne d'un pays comme la France".
Les Libyens seront sans doute ravis de voir leur dirigeant (quel luxe, se doter pendant plus de quarante ans d'un dirigeant coûteux et inutile, simplement pour le prestige que cela représente à l'étranger) invité à faire quelques emplettes, donner la leçon à l'une des plus grandes démocraties, autoproclamée pays des droits de l'homme, et à ces primaires que nous sommes, incapables de se diriger eux-mêmes, esclaves au point d'élire nos dirigeants.
Se foutrait-il de notre gueule ?
Nick the First va commencer, avec cette première humiliation, à sentir le goût du fruit libyen. Les traitres, chez nous, sont des petits bras, il n'a pas l'habitude du très haut niveau.
 
Commenter cet article