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Comment diminuer le coût du travail ?

Publié le par François

Comment diminuer le coût du travail ? Telle est la grave question de ceux qui font travailler les autres, dont la préoccupation première est "l'entreprise", qui cherchent à faire considérer que "l'entreprise" est le moteur de la vie des salariés. Hé hé, sans l'entreprise pas de sousous. Pas de sousous, pas d'écran plat à coins carrés pour regarder le foot, pas de téléphone qui fait des photos de la star qui passe, qui sonne un air de RnB, pas de sms à Fogiel ou de vote à la nouvelle star, pas de ces merveilleux objets-loisirs, ces magnifiques détourne-cons à la mode, accessoirement, pas de quoi bouffer, se loger, se vêtir, etc.
L'entreprise, c'est la vie. Comme le geôlier est la vie pour l'otage.
L'entreprise veut diminuer le coût du travail. Il en va de la vie de l'entreprise ! L'entrepreneur ne va tout de même diminuer la part qui lui revient, ni la part de ceux qui la dirigent, il faut donc rogner ailleurs. Les fournisseurs de l'entreprise, quand ils ne sont pas des entreprises eux-même, sont les salariés. C'est donc là que l'entreprise dispose d'une marge d'économie à exploiter. L'Etat qui tient à bien nourrir ses serviteurs – ceux qui le dirigent , s'entend, après tout, qu'est-ce que l'Etat, sinon une super  entreprise – à qui les entrepreneurs reprochent une tros grosse ponction de "charges sociales", ce concept de feignasses gauchistes, ne peut qu'aider les entreprises à baisser le coût du travail. Alors, comment s'y prendre ?
– Plaider pour que le salarié travaille davantage, lui promettre que les heures supplémentaires lui permettront de gagner davantage d'argent. Il n'est nulle question d'augmenter le revenu de son travail, mais d'élever sa quantité de travail. Le mètre étalon de cette quantité de travail est la durée légale du temps de travail au-delà de laquelle se déclenchent les heures supplémentaires, payées plus cher. Si on allonge cette durée légale, on retarde le moment où l'heure commence à devenir supplémentaire, on diminue donc une première fois le coùt du travail.
– Baisser la base de rémunération des salariés. Qui passe par le changement progressif de salariés. De même qu'on échange une bagnole ancienne contre une nouvelle qui consomme moins, le but à atteindre est d'échanger des salariés qu'on paye beaucoup contre des salariés qu'on paye moins. Pour cela, il est nécessaire de puiser dans un réservoir d'anciens salariés devenus inactifs que l'on contraindra à "revoir leurs prétentions à la baisse". Des chômeurs, des retraités. On comprendra dès lors l'intérêt que les entreprises trouvent dans la hausse du coût de la vie et principalement des produits de première nécessité.
L'Etat va donc stigmatiser le chômeur, paresseux ne vivant que de l'assistance, l'assuré social, la mère de famille, et le fonctionnaire, tous parasites coûtant cher à la société, grevant le budget de l'Etat. Il va organiser la société de manière à ce qu'un ancien salarié accepte un emploi – le même qu'il avait avant ou non, peu importe ses aspirations, payé moins cher. Et ce, en contraignant le demandeur d'emploi à devenir moins gourmand (euphémisme), plus mobile, plus corvéable.
Sur le plan idéologique, les arguments sont faciles à aligner. La loi sur la limitation du temps de travail à 35 heures est une catastrophe, pis, un séisme qui a instillé le dégoût du travail, les autres pays ont réalisé cette contrainte au rabais des prétentions salariales, nous sommes les seuls à nous embarrasser de principes d'équité, la concurrence des pays émergents est rude, nous (la France) sommes endettés à mort, la France est le "mauvais élève" de l'Union européenne...
Et puis quoi ! La réforme ! La réforme ! Vous avez voté pour, c'est donc que vous la vouliez !
Imparable.
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