Rubrique culinaire : Ah qu'il est doux de se faire tartiner

Ah qu"il est doux de se faire tartiner. Tout va mal, le bon peuple a un coup de mou dans le moral, plus flasque, on le qualifierait de liquide ; il est urgent, donc de lui signifier qu'il se fourre le doigt dans l'œil jusqu'à la cavicule, le bon peuple. C'est le motodidacte – Christian Estrosi , député-maire de Nice – qui s'y colle, avec sa brave mine de secrétaire général adjoint de l'UMP, en déclarant que contrairement aux autres pays européens, la France avait su anticiper par ses réformes la crise économique et qu'elle n'était pas en récession.
Et d'expliquer, en bon pédagogue qui ne craint pas d'effaroucher les mouches, que "les économistes précisent très clairement que pour qu'il y ait récession il faut qu'il y ait un négatif sur deux trimestres d'affilé (...) En moyenne globale sur l'année on est en positif donc on n'est pas en récession".
On est prié de traduire la pensée du champion : on n'est pas encore en récession. Ça sent la fuite en avant. Le commentaire rassurant du cueilleur de coquillages qui se sent piégé par la marée mais qui n'a de l'eau qu'aux genoux. L'optimisme du condamné béat attaché au poteau d'exécution, convaincu que les fusils du peloton vont s'enrayer. Puis il balance sur les petits camarades, en l'occurence notre voisine, notre partenaire, notre amie l'Espagne. Quelle courtoisie de la part d'un pays qui préside la communauté européenne !
"Nous avons su anticiper là où d'autres, comme en Espagne qui ne s'attendait pas à cette situation, à cette récession, sont obligés d'être à la remorque". Nous sommes infiniment plus gentils avec la Chine et la Russie, ce qui prouve que nous avons le sens de l'hospitalité. L'Espagne est à la remorque face à une récession qui n'existe pas. C'est d'ailleurs, parce qu'on a si bien su anticiper, que la ministre Lagarde et ses petits amis sont rentrés en catastrophe pour une réunion d'urgence avec Fillon à Matignon.
Et comme le meilleur moyen pour épargner de grandes souffrances à qui va dans le mur est d'y aller vite, l'ancien motard estime qu'il faut  accélérer le processus des réformes engagées dans le cadre de la loi de modernisation de l'économie.
Enfin n'oubliant pas le petit coup de langue que tout bon Labrador doit à son maître : "C'est parce que le président de la République a donné une capacité de réforme à notre pays sans précédent qu'aujourd'hui nous avons pu résister. Et maintenant nous ne pouvons sincèrement attendre que de bonnes nouvelles".
Comme qui dirait qu'au-delà du pire, ça devient indescriptible.
C'était ma rubrique culinaire.
L'été, cuisinez léger.
Pour des tartines originales… Osez les couleuvres dans la salade niçoise.