Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Du charme délicieux d'un weblog sans lecteur et de l'épaule d'agneau.

Publié le par François

Carnet plutôt que weblog, beauté de l'ours qui n'aime pas les moutons.


On ne m'a pas demandé pourquoi ce weblog s'intitulait "les carnets de l'ours". Jusqu'ici, tout est normal, puisqu'il n'y a pas de lecteur.
Qu'il est doux de n'être pas lu. Pas compris, certes, mais pas contredit !
Je vais donc jouer au Karchozy, à savoir : faire les questions pour mieux pouvoir y répondre. Ça évite les confrontations, les interminables dialogues où l'on perd son temps à essayer de convaincre un interlocuteur dont on n'a que faire sinon qu'il apporte un accord indéfectible, un soutien aveugle, une approbation incontestée. Ce genre de type qui vous regarde le nombril parce que vos yeux seuls ne satisfont plus votre vanité.
Pourquoi carnets ? Je vais vous répondre ! Parce que je trouve ce mot plus joli que weblog, trop "technologique". (Umberto Eco fait ce distingo dans A reculons comme une écrevisse, entre la technologie et la science, attribuant à celle-là le caractère de la pensée magique. On appuie sur un bouton, et le miracle, la magie se produit. La science quant à elle nécessite de la réflexion, du savoir, de l'expérience.)
On pourrait faire le même rapprochement avec le marketing politique où le carnassier hier frénétique et hâbleur se transforme en homme providentiel doux, mesuré, respectueux. Responsable et désireux du bonheur de ses concitoyens.

Le carnet évoque la balade, on note de ci de là deux trois phrases, une idée, quelques paroles de chansons ou la composition d'un menu, ou une recette de cuisine. Une fois le carnet refermé, les mots reposent. Ils décantent. Ils n'auront leur forme définitive qu'une fois travaillés, passés à la moulinette, transformés, aromatisés. Comme une farce, un pâté, un hachis.

Je reprends la dialectique Karchozy. Pourquoi l'ours ? Je vais vous le dire. Un ancien collègue, maquettiste, que je pensais être un ami, m'a un jour dit, alors que j'avais dû remettre à sa place mon patron de l'époque, ou un autre quelconque – Toi, tu es un ours. Ça m'avait surpris, puis j'ai accepté d'y voir un fond de vérité. L'ours est une belle bête. Solitaire, avenant et pacifique tant qu'on ne lui cherche pas des poux dans la fourrure, gourmand, paresseux et jouisseur des plaisirs simples. Une belle bête.

On le dit misanthrope. Ce n'est pas exact. Juste, il n'aime pas les foules de moutons. Ou alors pour en manger quelques-uns, de temps en temps, de ces bêleurs en rond, ces suiveurs. Les pâtres n'ont pas compris l'ours. Ils comprennent trop le mouton. Le mouton, lui ne comprend ni l'ours, ni le pâtre, car l'un et l'autre veulent le manger. Le pâtre prend le mouton par l'épaule (c'est ce qu'il a de meilleur). Il le flatte. Le pâtre crie au loup, se méfie de l'ours, promet un grand nettoyage des montagnes… le mouton bêle et vote pour le pâtre.

Quelquefois, la langue se trompe. Pour décrire ceux qui s'acharnent, parlant d'une même voix, à malmener une même proie, on évoque des loups qui hurlent avec les loups, on devrait parler de moutons qui bêlent avec les moutons.
Qu'ils se fassent croquer !
Allez gigot !

Commenter cet article