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La stratégie du paysan

Publié le par L'ours

Le fait que le laboureur-semeur excité et la girouette botoxée se reproduisent m'intéresse autant que l'union entre le rejeton princedegallisable et la roturière d'outre-Manche.
Je ne m'extasierai ni sur le port de tête de celle-ci lorsqu'elle dira « Yes, I will », ni sur le port de ventre de celle-là quand elle défilera au bras de Mon mari à l'occasion d'un pince-fesses quelconque en terre étrangère.
La surexploitation médiatique du mariage royal et de la gravidité paraprésidentielle me fait l'effet d'un attrape-couillons sentimental au merveilleux factice à l'adresse de gens qu'aucun de ces deux événements ne concerne réellement, à la seule restriction qu'on leur sert en guise de somnifère. A moins que...
Passons sur le mariage princier so british et intéressons-nous à notre propre famille royale, si gauloise, quoique l'embryon présumé compte des gènes pas vraiment français-français si on s'en tient à ce fameux droit du sang dont on abreuve nos pavillons ces temps derniers. Intéressons-nous au papa, plutôt, puisque pendant encore un an encore, il présidera à notre destinée nationale.
Il y a peu, en déplacement à la Réunion, Nick the first déclarait : « Quand le paysan sème, l'imbécile au bord de la route ne voit pas qu'il sème et qu'il a labouré profond depuis longtemps » en complément à cette saillie à propos de la présidentielle de 2012 : « Moi, la situation, je la sens bien ».
A bien la regarder, la situation paraît plutôt mal engagée, malgré le dernier sondage du jour donnant notre bon président du pouvoir d'achat encore présent au second tour, derrière DSK, mais devançant la candidate du Front national. Et pourtant... Ne faudrait-il pas écouter cette petite phrase et la prendre au sérieux, quand le paysan sème... il a labouré profond depuis longtemps.
Où donc est le sillon du président ? Ne voyez-vous pas son labour ?

Un profond façonnage du terrain – la société française – exécuté patiemment et avec application par son action et par celle de ses amis, Besson, Hortefeux, Buisson, Ciotti, Estrosi, et Guéant et j'en oublie, qui distille l'ostracisme et la haine sociale, dont la liste des boucs émissaires s'allonge de jour en jour.

Hier, ce furent les Roms, les émigrés clandestins, les musulmans, aujourd'hui, ceux qui se sentent pousser des ailes à la suite de la révolution tunisienne, les réfugiés libyens et, derniers en date, les émigrés légaux. Tous étrangers à nos mœurs, à notre culture et a priori rétifs à adopter les premières et à se fondre dans la seconde.
Mais il marche sur les traces du Front national, réagiront certains avec justesse, vise-t-il à s'emparer de l'électorat d'extrême-droite ? Non. Il pétrit un terreau, l'engraisse, l'ameublit, l'enrichit. Il crée un électorat perdu. Il décomplexe une parole qu'a bridée la gauche avec la loi Gayssot, et soumet à la vindicte populaire les responsables de tous les maux qu'endurent nos concitoyens, il s'engouffre dans le tabou – et les Français adorent jouer avec les limites et transgresser les lois.
La parole critique et outrancière à l'égard des étrangers ou des homosexuels, il prétend la libérer, mais il l'exploite et ce faisant, il ne fait qu'entraîner la gauche sur un chemin qu'elle ne veut emprunter. Il enfourche le cheval de bataille des Le Pen père et fille : l'émigration.
Le labourage est fait. Celui des esprits. Reste à semer.
On pense cette orientation contre-productive, propre à favoriser la montée des extrémismes populistes, c'est sans compter sur la gauche ! La bonne et brave gauche qui fera campagne à sa place face à la concurrente la plus dangereuse du président.
Pour se retrouver au second tour, Nick the first a besoin d'alliés même involontaires.

Plus le FN sera haut dans les sondages ou présent dans les esprits, plus la gauche l'aura en ligne de mire comme adversaire, songeant à un « 21 avril à l'envers », et plus le PS et consorts cristalliseront les critiques sur son programme économique et culturel de repli sur soi, antiEuropéen, à base de retour au Franc et de fermeture des frontières, synonyme de hausse d'impôts, d'inflation et de baisse des exportations. Le discrédit d'un FN incohérent économiquement viendra d'une gauche discréditée idéologiquement.
La principale tâche de Nick the first sera de faire oublier son bilan négatif. Il s'y emploiera en se rengorgeant de son action sur la scène internationale, sur la création du RSA et du Pôle emploi, sur les conséquences de la crise qui auront été comme par enchantement moins lourdes ici qu'en Grèce, au Portugal et dans bien des pays de l'Union européenne, pourquoi pas même sur une baisse du chômage. Combien de radiations de demandeurs d'emploi qui n'auront rien retrouvé sont-elles à craindre dans l'année à venir ?
Et puis un tout nouveau papa, ça a quelque chose de charmant, ça flotte sur un petit nuage, ça sourit bêtement, et dans cet exercice, il excelle.
Ne reste plus à MM. Hollande, DSK, Bayrou, Borloo, Villepin, Hulot, Mélenchon, et Mmes Aubry, Royale, Joly, Boutin, Le Pen ou du moins à ceux qui resteront dans la course que de se mettre au diapason et d'activer leur logiciel reproduction pour tenter d'attendrir ces Français champions d'Europe de la fécondité.

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