Please stop. I'm bored !
Connaissez-vous le principe de Peter ?
Emis à la fin des années 60 (1969) par Laurence Peter et Raymond Hull, il s'intéresse à la promotion sociale dans l'entreprise et à la hiérarchie. Il affirme que tout employé tend à grimper dans
la hiérarchie jusqu'à ce qu'il ait atteint son seuil d'incompétence.
Il s'ensuit des corollaires fort intéressants : suivant ce principe, tout poste sera un jour occupé par une personne incompétente, y compris et surtout les postes hiérarchiquement les plus
élevés.
La logique veut que tout employé compétent soit promu à un niveau hiérarchique supérieur tandis qu'un incompétent ne l'est pas. Puisque ce dernier ne peut plus être promu (pour raison
d'incompétence), son poste sera toujours occupé par un incompétent qui barre (peut-être) le chemin à de plus compétents que lui.
Le travail effectué (et mené à bien) l'est en réalité par des personnes n'ayant pas encore atteint leur seuil d'incompétence ; les niveaux hiérarchiques élevés, puisqu'ils influent sur la marche
de l'entreprise ou de l'organisation, président à la promotion de l'incompétence et la maximisent.
Peter en déduit que la hiérarchie maintient l'incompétence et que par son poids et le respect qu'elle nécessite et impose, elle doit se séparer des « super compétents ».
(v. Principe de Peter)
A. Pluchino, A. Rapisarda et C. Garofalo des chercheurs italiens se sont intéressés à la transmission de la compétence. Leur idée est que si les promotions sont effectivement accordées « aux
meilleurs » les compétences requises pour chaque niveau sont indépendantes des compétences nécessaires au niveau précédent.
Ils ont modélisé deux hypothèses. Celle dite « du sens commun » où un employé hérite de sa compétence au niveau précédent et celle dite « hypothèse de Peter » où la compétence
de l'employé promu est indépendante de la compétence éprouvée par son poste précédent.
L'efficacité moyenne de l'entreprise ou de l'organisation se révèle plus élevée selon le premier principe. Jusque-là, pas de surprise. Seulement, dans la vraie vie, on ne sait pas laquelle des
deux hypothèses s'applique.
Nos chercheurs italiens ont alors imaginé qu'au lieu de choisir les « meilleurs » on pouvait systématiquement promouvoir les « moins bons », ou encore se fier au hasard. Et
ils démontrent qu'une organisation gagnerait en efficacité si les promotions hiérarchiques étaient faites de façon aléatoire.
(voir leur modélisation)
Et c'est ainsi que ces chercheurs ont obtenu hier le prix du management aux IG Nobel qui se décernent avant que les études dites « sérieuses » soient récompensées par les Nobel.
Concernant votre propre promotion, parlez-en à votre patron. Euh, peut-être pas, finalement.
Et s'il se lance dans un de ces interminables discours dont il aura appris les ficelles dans ces nombreux séminaires, symposiums et colloques auxquels il aura participé (selon le principe de
Peter, les hiérarques, arrivés au sommet de leur incompétence se fréquentent et se cooptent d'une entreprise à l'autre à travers ces imposantes et ronronnantes réunions et se hissent ainsi à leur
niveau de « sommet volant »), appliquez-lui la bonne vieille recette des IG Nobel, éprouvée lors des remises de prix annuelles sous le nom de « Miss Sweetie Poo », à noter
qu'il faut disposer d'une adorable fillette de 8 ans.