Une nouvelle philosophie
Cette campagne pour l'élection présidentielle que l'on supposait volontiers sans surprise, jugée par beaucoup de peu d'intérêt, volant bas, pas très propre, aura au moins eu une conséquence non
négligeable : celle de mettre en lumière une nouvelle philosophie.
Et c'est au terme des cinq ans de gesticulations, de rodomontades, d'invectives tous azimuts, et d'onctuosité, d'indignations, de mea culpa, bref de changements d'image de Nick the First que l'on
peut mettre un nom sur cette stratégie politique : le confusionnisme.
Jadis président des riches, il devient candidat du peuple. Hier surnommé Sarko l'Américain, il se transforme en Merkozy ayant pour l'Allemagne les yeux de Chimène. Celui qui s'affichait plus
sensible aux œuvres d'Antoine Norbert de Patek et Adrien Philippe qu'à celles de Madame de la Fayette, ne quitte plus les auteurs classiques, qui ne jurait que par Louis de Funès se fait projeter
du Bergman.
L'homme qui, depuis cinq ans, fait pèlerinage au plateau des Glières, s'entoure et se fait conseiller par d'anciens proches d'extrême droite. Celui qui a initié l'Union pour la Méditerranée ne
cesse de prendre pour cible les musulmans, jusqu'à affirmer que la méthode d'abattement des bêtes, façon hallal est la préoccupation première des Français – au moment où se tient le salon de
l'agriculture. On se demande bien quelle sera la polémique lancée quand le Salon du livre ouvrira ses portes.
La liste est longue, on pourrait la poursuivre jusqu'à en ressentir le vertige.
Le confusionnisme consiste à rendre fou en disant tout et son contraire, en apparaissant rude et doux, homme de caste et homme du peuple, communautariste et anticommunautariste, écologiste et
nucléariste. Le but du confusionnisme s'il est bien une stratégie, plaise au ciel pour Nick the first qu'il ne s'agisse pas d'une maladie, est de désorienter l'électeur hésitant, faire hésiter
celui qui se pensait convaincu qu'il ne voterait pas pour l'homme du Fouquet's. Evidemment il n'a pas dans sa lorgnette le mélenchonchon, ce citoyen intrinsèquement hostile et mécontent, mais
tous les autres.
Aujourd'hui, calimérant à qui mieux mieux, il se dit prêt à abandonner la politique (si par malheur) il n'était pas réélu. Ne nous alarmons pas, il est un emploi idoine à notre futur ex-président
: héros de série. Non pas Superman, mais le Caméléon.