Vive les vacances, Edvige grossit à vue d'œil

Pierre Perret avait raison de chanter "C'est au mois d'août, tagada, tagada, qu'on met les bouts, tagada, tagada, qu'on fait les fous, les gros matous, les sapajous..." Il aurait pu ajouter "et qu'on se fait enfler".
C'est l'été, les vacances le soleil doux doux doux doux. Notre gouvernement se met en congé; pendant un assez court laps de temps, il va nous foutre la paix et commettra moins de conneries que durant le reste de l'année et c'est pourquoi il met les bouchées doubles juste avant. Les vacances représentent une époque privilégiée pour cet exercice consistant à mettre en œuvre les pires décisions pour la population, qui elle-même absente, aura l'émotion moins bruyante. Ainsi Edvige vient visiter en tapinois notre petit appartement personnel.
Qui est cette Edvige ? Non pas une pute de bas étage qui viendrait séduire Monsieur resté à la ville tandis que Madame et les enfants se font dorer à la plage, dans le but d'en tirer un avantage pécunièrement significatif à base de menaces de révélations, non pas un membre d'un commando de monte-en-l'air en jupons spécialisé dans les déménagements estivaux. Edvige est un fichier. Une base de données. Les données, c'est vous, moi, nos vies, nos actes, nos engagements, nos aspirations. Edvige est une donneuse. Elle mérite la croix des vaches.
La justification d'Edvige, c'est la sécurité, la sûreté de l'Etat. Ce qu'on nous vend depuis ce début de siècle pour la principale préoccupation des Français, car c'est bien connu, depuis que Roger Gicquel l'a dit, la France a peur.
Y est marqué du sceau de l'infamie tout ce qui, âgé d'au moins treize ans, a pu pénétrer dans un commissariat ou une gendarmerie, qui a été retenu en garde à vue, les voleurs, les dealers, les violeurs, les terroristes, les pédophiles, mais aussi les victimes, les plaignants. Et tous ceux-là ne seront pas les seuls à figurer dans les notes d'Edvige. Tout ce qui pourrait – notez le conditionnel – porter atteinte à la sûreté de l'Etat est consigné dans ce super fichier sur lequel même la Cnil, (Commission nationale Informatique et libertés) le faux nez de la démocratie techno-totalitariste a émis des réserves. Malins comme vous êtes, vous ne manquerez pas de vous interroger sur la nature de ces fauteurs de troubles potentiels. Une fois répertoriées les canailles avérées et leurs victimes (parfois, celles-ci le sont malencontreusement en tant qu'auteurs, ce qui fait toujours plaisir), il ne doit pas rester beaucoup de monde susceptible de troubler la digestion de nos amis à képis, vous direz-vous. Erreur, il reste encore de la place. Il y en aura pour ceux qui ont "sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui joue un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif ".
Ceux qui ont des idées sont très dangereux, ne le saviez-vous pas ? C'est pourquoi, il faut tout connaître d'eux. Leur état civil, leur physionomie mais aussi leurs fréquentations, leur comportement, leurs déplacements, leur appartenance ethnique, leur vie sexuelle, leurs opinions politiques, philosophiques, religieuses, leurs appartenances syndicales et associatives…
Mais peuple bêlant, tu vas arguer de la présomption d'innocence, la liberté d'expression est un droit fondamental, la critique n'est pas délictueuse, la fréquentation des autres n'est pas un crime, l'intention n'est pas l'acte... La présomption d'innocence est un siège très confortable.
 
Il est fort probable que les signataires de pétitions comme celle qui circule en ce moment pour l'abandon d'Edvige feront l'objet d'une ligne particulière dans le fichier.
Qui est contre Edvige est-il dans Edvige ?
M'est avis que le meilleur moyen de lutter contre ce machin n'est pas seulement de pester contre lui, mais d'en faire partie. Plus il y aura de monde fiché, plus il y aura de coupables potentiels, plus ce fichier sera inopérant. Si vous signez, vous vous retrouverez en bonne compagnie (cf. ci-dessous lien vers la liste des signataires dont le nom commence par "D").

Personne n'est innocent. Et Big Brother vous regarde. Faites-lui un bras d'honneur. Si ce dernier mot a encore une signification dans notre monde.