Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

C'est la rentrée, surtout ne sortons pas (de la relance)

Publié le par L'ours

C'est la rentrée, surtout ne sortons pas.

C'est la rentrée. La reprise, la relance. Celui qui a un boulot va tout faire pour le conserver, celui qui n'en a pas va essayer d'en attraper par le bout de la queue en espérant que telle celle du lézard elle ne lui restera pas entre les doigts, lui laissant qu'une illusion de boulot, une vague et furtive idée de travail et d'embellie.

Celui qui en a un, va tout faire pour le garder. Accepter la hiérarchie y compris lorsque la hiérarchie débloque, accepter de se taire, de se faire maltraiter, viande, accepter de restreindre son périmètre de liberté, de temps libre, son train de vie, les siens, ceux des collègues, ne pas ruer dans les brancards, laisser faire. Celui qui n'en a pas va tout faire pour essayer de s'en procurer un. Se lancer dans la compétition contre d'aussi démunis que soi, baisser ses prétentions, dauber sur d'éventuels concurrents, faire bonne figure, afficher sa docilité, promettre servilité et adhérer à l'air du temps. La vie est dure... la crise, n'est-il pas ? Fort de ce constat, notre gvrnmnt pour lutter contre la crise a créé – tadadam, roulement de tambour, trompettes et cymbales : « la relance ».

C'est beau, c'est grand, c'est épastrouillant, sans poils autour. Et on a mis un quasi-génie à la tête de la relance, comme une locomotive d'or – locomo locomo ! Il a une tête et un nom : Patrick Devedjian (c'est pas français comme nom). Le beau Patounet, riant de toutes ses quenottes acérées que l'on ne voit jamais – pourquoi le sourire de certains évoque-t-il davantage la grimace que la manifestation d'un enjouement bon enfant. Mais ne cédons pas ici au délit de sale gueule, ça ne se fait pas dans notre pays, et je suis un bon Français.

Le beau Patounet a fait un site. Internet, s'il vous plaît. Pour nous montrer qu'il travaille bien, qu'il s'occupe à temps plein de sortir notre vieux pays de l'engluement socialo-communiste dans lequel il croupit depuis les siècles successifs où il n'a pas eu la chance et le bon goût de se faire mener par le bout du Finistère par notre incomparable Nick the First.

Et c'est, non pas un, non pas dix, non pas cent, mais mille, mesdames et messieurs, pas un de moins et sans augmentation du prix des consommations, mille, c'est merveilleux, c'est extraordinaire, mille projets de relance que le beau site nous annonce triomphalement et modestement.

Ce site, visitez-le, mais pas avec Firefox qui plantera. Il semblerait que libre, même appliqué au logiciel, n'est pas l'adjectif idoine pour notre gvrnmnt.

Voyons les projets. La chose est découpée en tranches par thèmes, par régions, puis par départements.

Chômeur, tu cherches la relance dans ta région ? Elle y est ! Le site le dit : « Trouvez les chantiers qui se déroulent près de chez vous : routes, rails, ponts ou ports, cathédrales, campus ou logements... Cherchez par type de projet ou par géographie. La relance s’inscrit sur tout le territoire, pour profiter à chacun des Français. Accédez également à la liste détaillée des projets de la relance ».

Les thèmes : investissements, emplois & entreprises, logements et solidarité. Concerné par le manque d'emploi, cliquons, comme la lune, sur Emploi & Entreprises avec majuscules car l'entreprise, c'est capital.

Un petit menu déroutant invite à choisir la région. Haut Normand de résidence à défaut de l'être de souche, je choisis avec l'à-propos qui me caractérise : Haute-Normandie.

La carte – merci google (que ferait-on sans google) – qui s'affiche est une portion de territoire aux limites intérieures duquel on peut lire Laval, Niort, Limoges, Clermont-Ferrand, Lyon, Genève, Dijon, Troyes, Chartres. A l'intérieur Le Mans, Tours, Chateauroux, Orléans Auxerre.

On ne m'aurait rien dit ? La Haute-Normandie aurait émigré ?

Un petit menu tout aussi défoulant m'invite à déterminer le département. J'ai le choix : 76. Seine-Maritime. Au secours, Ils ont supprimé l'Eure ! Je vis dans un no man's land. Je séjourne en terre inconnue. Frédéric Lopez (c'est pas français comme nom), viens à mon secours, partout autour, il n'y a plus rien.

Vite ! Essayons les investissements ! Peut-être ben qu'il n'y a pas d'entreprise ni d'emploi à relancer chez nous. Ah ! L'Eure existe ! Mais pas que. L'Orne aussi. Aurait-on annexé une partie de Basse-Normandie ? La Haute-Normandie s'agrémente en outre de l'Oise. Vertudieux. Que viennent faire ces Picards dans ma Normandie ? Je veux bien ne pas être sectaire, régionaliste pointilleux, mais de là à faire de Chantilly et de son maire Eric Woerth des curiosités normandes, c'est discriminant. Bientôt, dans les stades, on va nous traiter de chômeurs, pédophiles, consanguins, etc. Passons. Arrêtons-nous dans l'Eure. Les projets d'investissement dans l'Eure :

« Réfection du logis de l'abbaye du Bec-Hellouin : sauver les grands monuments. » On a beau cliquer sur le petit logo indiquant le point où une action est engagée, on n’en apprend pas plus. Recherche faite, l'abbaye du Bec-Hellouin est un lieu, propriété de l'Etat, dévolu (depuis 1948) à la vie monastique pour les bénédictins qui y vivent et aux visites touristiques selon certaines conditions. La bibliothèque est ouverte au public tout comme la boutique de produits artisanaux.

« La Poste - Le Neubourg : plate-forme de courrier. Création - rénovation de plateformes de préparation et de distribution de courrier Le Neubourg CDIS : 844 K€ Début des travaux : 1er février 2009 - Fin des travaux : 30 septembre 2009 »

« Entre Verneuil-sur-Avre et Armentières-sur-Avre (RN12) : entretien préventif de la chaussée ».

Evreux : Etat exemplaire dans l'Eure : Efficacité énergétique dans les bâtiments de l'Etat. Remplacement des ouvrants et réfection de l’étanchéité des toitures DGFIP de l’Eure. Travaux de réhabilitation de l’inspection académique de l’Eure. Remplacement du chauffage - préfecture de l’Eure. Opérations démarrées ».

« Notre-Dame de la Garenne : construction de passes à poissons sur la Seine. Opération démarrée ».

« Gisors : création d'une structure d'accueil pour handicapés psychiques. Maison d'accueil spécialisée (MAS). Opération démarrée ».

Plus d'information serait superfétatoire.

Ah !

Donc, pas d'entreprise ni d'emploi, quelques projets d'investissement dont certains visant à entrer en conformité avec la loi (les passes à poissons) et améliorer bâtiments de l'Etat et entreprises semi-privées, qu'en est-il du logement et de la solidarité ?

« Rénovation urbaine à Rouen Restructuration du centre commercial Grand’Mare, Accession sociale Châtelet 50 logements Rénovation urbaine : il s’agit d’abonder les opérations de rénovation urbaine bloquées, faute de financement suffisant. Parmi les sites identifiés par l’ANRU : Rouen. Le plan de relance contribue à hauteur de 1,37 million d’euros. » Voilà, voilà voilà !

Un petit coup d'œil s'impose sur le reste de notre territoire. Là encore, les exposés sont laconiques.

En matière d'investissement, faut-il imaginer que ces projets paraissant dans un plan de relance tout exprès concocté par Patounet pour faire la nique à la crise n'auraient jamais vu le jour si celle-ci n'était pas venue troubler le quinquennat joli de Nick the First ? Ou bien étaient-ils déjà présents dans les tuyaux ou prévisibles, lorsqu'on festoyait au Fouquet's, comme de banales actions d'entretien et de modernisation des infrastructures ?

Dans le registre emploi et entreprises, il est très difficile, à moins que je ne sois très bête, de savoir en quoi consiste ce genre d'information, exemple, dans le Nord-Pas-de-Calais :

« Bassin d’emploi à Douai Nouveau bassin d’emploi bénéficiant du dispositif Contrats de transition professionnelle (CTP). A Châtellerault, le plan de relance permet de renforcer l’accompagnement des salariés licenciés économiques dans leur recherche d’emploi, notamment via les dispositifs de Convention de reclassement personnalisé (CRP) et, dans les bassins d’emploi les plus en difficulté, les Contrats de transition professionnelle (CTP). » C'est sûr que le chômeur de Douai va au-devant de certaines désillusions en matière de temps de transport lorsqu'il aura retrouvé du travail à Châtellerault. Outre la localisation de Châtellerault plutôt éloigné du Poitou-Charente (sans doute un déplacement inattendu pendant les vacances, un glissement de terrain, un fort coup de vent, que sais-je ?) comment renforce-t-on l'accompagnement des salariés... dans les bassins d'emploi les plus en difficulté ? Rien ne le dit, ce qui ne coûte pas cher en promesses, et c'est déjà beaucoup ! Ça évite de se contredire et d'avouer un échec concret.

Mais une chose est évidente. Il existe un grand projet national à relancer sans attendre : l'apprentissage de la géographie.

Commenter cet article
C
<br /> <br /> Je serais morte de rire par un tel empilage de conneries si la situation n'était pas si dramatique<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre