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De omnibus dubitandum

Publié le par L'ours

Hier matin, dans son émission, Pascale Clarke recevait Claude Cabanes, le coco distingué. Un homme à la belle voix articulée clairement et rythmée par un bel accent. Il rappelait son enfance, sa relative pauvreté au milieu d'enfants bourgeois dans le collège, où pensionnaire il étudiait, qu'il compensait par la richesse de son instruction, particulièrement celle de la version latine. Il cita sa phrase d'élection, également et la chose n'est pas surprenante celle de Karl Marx : « de omnibus dubitandum » que l'on traduit par « il faut douter de tout ».
C'est en lettres d'or que nous devrions inscrire cette devise en tous lieux. Au fronton de nos édifices, dans chaque pièce de nos habitations, dans le moindre recoin de nos cerveaux.
Particulièrement en ces temps troublés. Car ces temps sont troublés, bien plus encore que l'eau par le pastis.
A se demander en toute circonstance quel est l'état véritable de notre libre arbitre. A savoir s'il est illusoire, s'il nous appartient bien ou s'il nous est dicté à notre insu.
Puisque ceux qui font l'actualité nous mettent en permanence en instance d'effectuer un choix manichéen, parvenons-nous réellement à discerner le bien du mal ? Et de quoi parlons-nous ? Notre bien personnel ? Ou le bien commun ? Le bien que nous partageons, que nous devons partager pour qu'il soit question de « bien ».
Le libre arbitre nous permet de prendre des décisions importantes, qui nous concernent, certes, mais qui concernent également l'ensemble de la société. Comment, dès lors que nous ne sommes plus certains de disposer de notre libre arbitre, pouvons-nous oser donner notre avis lors d'élections ou de la remise d'un verdict de justice (puisqu'il est question de « démocratiser » les tribunaux de correctionnelle). Si nous n'en disposons pas, le cadre dans lequel nous prononcerons un jugement ou donnerons une réponse à une question posée à la société n'aura que l'apparence de la démocratie. Il en est de même pour le sondage que pour l'élection ou la décision de justice.
C'est donc cette question primordiale du libre arbitre qui doit être posée en préliminaire de toute décision à prendre.
Ainsi, nous constatons une montée de la xénophobie dans notre pays, du racisme peut-être, et de la ségrégation sociale, en tout cas de la méfiance envers les pauvres et les émigrés. Pour rendre compte d'une telle affirmation, on s'en tiendra aux sondages, mais les résultats de ces sondages, dans la mesure où la façon de poser les questions ne permet pas déjà d'orienter les réponses, sont-ils absolument fiables étant donné que le sondé a auparavant été soumis à la communication des différentes parties ayant un intérêt à soulever la question, qu'il a baigné dans un environnement propice à lui donner des réponses avant même d'y réfléchir.
C'est la théorie de la relativité appliquée à la mesure de l'opinion.

Le dernier sondage en date publié par Le Figaro et effectué par Opinionway tend à montrer que les Français sont à 65% favorables au plafonnement le cumul des minima sociaux à 75% du Smic, 67% favorables à des contreparties au RSA et 70% à l'instauration d'un service social de cinq heures par semaine à effectuer par les bénéficiaires du RSA.
Quels auraient été les résultats, si durant une semaine, la polémique n'avait eu lieu à propos de la sortie du ministre des Affaires européennes, comparant « l'assistanat au cancer de la société française », si commentant la petite phrase qui fait grand bruit, tel ou tel n'avait affirmé que le système n'est pas parfait, si on n'avait ouvert depuis mars une réflexion sur la réforme du RSA... ?
En résumant son propos, travailler cinq heures par jour, ce n'est pas beaucoup pour lutter contre cette maladie très grave qu'est le cancer surtout s'il touche un grand corps comme la société !
Wauquiez invente le travail payé à 43,2 % du Smic.
Sa proposition de demander aux bénéficiaires du RSA (460 euros par mois, soit 3,05 euros à l'heure, il y a environ 151 heures ouvrées par mois) de travailler 5 heures par semaine, c'est-à-dire 1 heure par jour, équivaut à effectuer un travail qui ne serait pas rémunéré au SMIC horaire (7,06 euros net), mais à 43,2 % de sa valeur.
La question a-t-elle été posée par Opinionway de savoir si les Français sont favorables à une diminution du Smic à 43,2% de sa valeur ?
Ce matin les sondés qui ont concouru à un tel score (quel président n'aurait l'écume aux lèvres si on lui promettait 65% de votants lui étant favorables) se sont-ils interrogés sur l'état de leur libre arbitre ? Là non plus, Le Figaro ne publiera pas les résultats à cette question.




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